Le Champ des savoirs

Dès sa note d'intention, Michel Rémon qualifiait le site de l'Université de droit-langues-économie de Cergy, en créant un « vide » fédérateur : le « champ ».

Comme souvent, le concepteur d'espace précédait l'architecte : « Parce que cette université était attendue comme un élément essentiel d'urbanité pour la ville nouvelle de Cergy, j'ai d'abord créé le vide autour duquel s'est ancré son bâtiment. Autour du campus - étymologiquement "le champ" - sa figure en U a pris place. Traversée, foulée par les pieds des étudiants, sa grande "pièce d'herbe" centrale offre aujourd'hui un morceau de ciel à qui se repose un instant, couché sur la terre. »

À l'ouest de l'ensemble universitaire existant, 25 000 m² cernent, au nord, à l'ouest et à l'est, ce cœur de campus orienté plein sud. La circulation entre les différents espaces du site fluidifie la vie collective et réunit les niveaux par lesquels on accède à pied ou en voiture.

Posé sur l'inclinaison du terrain, le hall d'entrée monte en pente douce (3,5° sur 180 mètres), ouvrant sur 10 amphithéâtres emboîtés dans la déclivité du rez-de-chaussée. Le traitement acoustique des lieux modélise un itinéraire sensoriel, faisant alterner sons feutrés et passages sonores. Au premier et au deuxième étage, les espaces de recherche aménagés « comme une grande rue paisible » s'amarrent aux ressources de la bibliothèque et s'ouvrent vers l'ouest sur le tranquille paysage de la boucle de l'Oise.

Aux étages supérieurs, les salles d'enseignement font face aux bureaux de professeurs, suggérant une relation plus directe et moins conventionnelle entre étudiants et enseignants. Entre le bureau du Président qui chapeaute les locaux de l'Administration et la bibliothèque - bijou serti au fond de la composition, comme en lévitation dans un tube de verre - un point commun : ces deux espaces ont été superbement meublés par le designer Kristian Gavoille dans le cadre du 1% artistique.

« Vu de loin, l'assemblage des volumétries indique toutes les fonctions comprises dans les lieux. Les façades sont habillées de la pierre calcaire Branco Real (Portugal) et leurs socles d'un marbre de Carrare aux teintes de "ciel nuageux tourmenté".»